Chaque année au mois de novembre, les Philippines célèbrent nationalement le mois de l’enfance au cours duquel les enfants sont mis à l’honneur et reconnus comme pilier de la société. Cette année, Virlanie a été invitée au Congrès par le Réseau des droits de l’enfants et le comité de la Chambre des représentants sur l’assistance sociale aux enfants.
Le thème du mois de l’enfance est cette année “Karahasan Wakasan, Bata Protektahan” (« En finir avec les violences, Protéger les enfants »). Il s’agissait de souligner le rôle du Congrès et des lois pour protéger les droits de l’enfant.
Le 20 novembre 2017, Virlanie a défilé dans le cortège du mois de l’enfance et au déjeuner commémoratif des enfants victimes d’abus.
Le même jour, notre chorale, Virlanie Voices, a chanté l’hymne national ainsi qu’une doxologie par et pour les enfants.
Du 20 au 23 novembre, Virlanie a également tenu un stand dans un espace d’exposition dédié au mois de l’enfance au Congrès.
Nos équipes ont fait la promotion des droits de l’enfant ainsi que des programmes de Virlanie. Ce stand a également permis de présenter les produits Craft a Smile réalisés par les mères bénéficiaires du centre d’Accueil de jour pour l’éducation et la formation et de l’Ecole Mobile.
Le 23 novembre, en clôture de cet évènement, nos jeunes adultes ont pu présenter leur pièce Kamalayan (« Conscience ») face au Congrès. Ce poème chorégraphié a été collectivement écrit par les jeunes adultes comme témoignage de leur expérience collective de la rue. L’original est en Tagalog, en voici une traduction en français :
Alors que je levais les yeux vers le ciel
Pour moi, l’image de Dieu s’est assombrie
Je me suis posé tant de questions : « Quoi ? Où ? Comment ? Pourquoi ? »
« Dieu n’existe pas », voilà ce que j’ai cru.
Quelle-est cette ombre noire ?
Surgissant de nulle part, attaquant n’importe qui
Prenant la forme de mon père, parfois celle de mon oncle
Toutes les nuits, ils m’ont chassé
Juste là, à mon chevet.
J’ai erré sans but, pleurant dans le néant.
Tandis que je marchais, mon corps frêle a été exposé à la chaleur insoutenable du soleil
J’ai ramassé les ordures, afin de me nourrir
Comment pouvais-je me soustraire à cette vie qui a toujours été la mienne ?
Toujours à chaparder et à détrousser, on m’appelait « vautour »,
La loi ne me laissait aucun répit, me poursuivant comme un chien affamé
Peu importait que je me couvre le visage
Ou que je me maquille pour l’embellir,
Je ne pouvais pas dissimuler la douleur
Alors même que mon corps devait séduire ?
Les lumières de ma maison ont faibli
La charpente était sur le point de s’écrouler
J’ai lentement rongé mes chairs sans que personne ne s’en soucie
Objet de maltraitance plutôt que de soins attentifs
La vie a été injuste avec moi
Sans amour, ni joie
Comme un prisonnier avide de liberté,
Au jeu de la vie, je suis toujours le perdant
Cher Créateur,
Pourquoi m’avoir infligé cela ?
N’ai-je pas été assez sincère dans ma foi ?
Est-ce bien toi qui m’a condamné à cet enfer ?
Toi, sais-tu qui a pêché ?
Vous tous, savez-vous quand je serai libéré ?
A la dépravation j’ai été conduit
Par quelqu’un qui se faisait passer pour Dieu ?
Le destin a été si injuste avec moi
Il n’en a fait qu’à sa tête
Et a choisi de m’ignorer
Le destin a été si injuste avec moi
Ce n’est pas ma faute, pourquoi dois-je en payer le prix ?
Attendez, payer ?
C’est moi ! Si j’étais payé
Alors ils m’habillaient
J’ai enduré toutes les peines
J’ai vendu de la drogue dans la rue
Je me suis fardé et grimé
J’ai adulé les barons de la drogue
Comme si mes questions « Quoi ? Où ? Comment ? Pourquoi ? »
Devenaient une épine, grandissante à la mesure de ma colère
Les discriminations de la société ont été mon plus grand tourment
Ma vie se déroulait sur la lame de la Grande Faucheuse
Nous ne sommes que des objets
Nous, les enfants chahuteurs et inconscients
Pour eux, notre innocence était leur arme
Mais les enfants n’ont ni voix ni pouvoir
J’ai demandé justice, le silence a été leur seule réponse
J’ai demandé justice, les excuses ont été leur seule réponse
Je demande justice, les menottes sont leur seule réponse
Je demande justice, les cadavres sont leur seule réponse