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Rosemarie, 18 ans, en sa qualité de Présidente des Rising Youth, l’organisation des jeunes adultes de Virlanie, a l’habitude d’animer les débats au sein du groupe et d’indéniables qualités oratoires. Sa franchise, sa lucidité et sa soif d’apprendre font d’elle une adolescente remarquable et remarquée par ses pairs. Sans aucun doute, Rosemarie a tout le potentiel pour devenir une source d’inspiration pour tous.

C’est donc tout naturellement qu’elle a été sélectionnée pour représenter Virlanie lors d’un forum/atelier visant à sensibiliser les jeunes au combat légal et au plaidoyer contre les mariages précoces et forcés.

Intitulé « Trop jeune, trop tôt », ce séminaire de plaidoyer politique était organisé par le Comité Législatif Philippin sur la population et le développement [Philippine Legislators’ Committee on Population and Development (PLCPD)], dans le cadre de leur projet d’engagement contre les violences faites aux femmes et aux filles. Ce séminaire visait à sensibiliser et à faire s’engager les jeunes en politique, pour mettre fin aux mariages précoces et forcés.

Rosemarie faisait partie des 25 leaders jeunes sélectionnés pour représenter la région de Manille. Accompagnée de John Mark (membres des jeunes adultes) et de Jazy Mae Panilas (coordinatrice du programme d’accompagnement à la vie adulte), elle s’est donc rendue au Venus Park View Hotel de Baguio, du 4 au 6 Juillet 2018.

D’après Jazy, c’est de façon stratégique que l’organisation a souhaité s’adresser aux jeunes pour réduire les cas de violences faites aux femmes dans le cadre de mariages forcés aux Philippines : « Ils sont allé chercher les jeunes parce qu’ils ont besoin de leur soutien. Ils veulent que le soutien vienne d’en bas, pas seulement des jeunes mais aussi des communautés elles-mêmes. C’est avec ce soutien populaire qu’ils pourront faire des propositions de loi au Sénat ».

Lors son discours d’introduction, M. Romeo Dongeto, Directeur exécutif du PLCPD, a même encouragé les jeunes à être en première ligne pour ce plaidoyer.
Le thème des mariages précoces et forcés résonne dans l’esprit de Rosmarie de façon très personnelle : « Cela m’a rappelé mes sœurs. La plupart d’entre elles n’ont pas de maison. Quand on vit dans les rues, on est plus susceptibles de faire face à ce genre de problème. Il faut faire quelque chose. »

D’après le PLCPD, les mariages forcés et précoces sont une violence institutionnelle envers les droits fondamentaux des femmes et des filles qui est réelle aux Philippines, sans pour autant être discutée ou questionnée publiquement. Les mariages forcés et précoces compromettent leur sécurité, leur bien-être, leur développement personnel, en plus de les exposer aux risques de violences conjugales. Pourtant, comme cet problème n’a pas été identifié et questionné en tant que tel par les autorités nationales, ses conséquences sur les filles, les femmes, les hommes et les familles restent encore largement méconnues.

« Il n’y a pas de données concrètes et fiables sur la question, ce qui rend le combat législatif d’autant plus difficile. Les seuls exemples concrets de ce phénomène s’observent dans les communautés musulmanes qui appliquent strictement la charia. Certains groupes ethniques ont aussi été mentionnés sans pour autant être nommés. », explique Jazy.

La seule donnée fournie par le Bureau national des statistiques concerne les mariages de filles adolescentes (entre 15 et 19 ans) – ceux-ci représentent 12,2% de la totalité des mariages sur le territoire philippin en 2016. Aussi important que ce chiffre puisse paraître, il est probable qu’il ne reflète pas fidèlement la réalité puisqu’un nombre important de naissances, mariages et décès ne sont pas civilement enregistrés.

« C’est un sujet lourd, très lourd. Et le chemin sera encore long avant la promulgation d’une loi. Cela doit être porté, examiné, voté… Personnellement, ça me rend triste parce que j’ai moi-même été victime d’abus. J’ai l’impression que ce n’est pas la priorité du Réseau des droits de l’enfant (Child Rights Network). C’est à leur agenda, mais ce n’est pas leur priorité. Du coup, je crains que cela ne soit pas celle du Sénat non plus », ajoute Rosemarie.

En tant que jeune leader au sein de Virlanie, Rosemarie envisage de commencer le combat à son échelle, en consultant les autres jeunes adultes de la fondation : « Je commence par mûrir ce sujet moi-même et dans mon entourage à Virlanie – parce que ce sujet me parle et qu’il parle à mes camarades qui ont, eux aussi, subi différentes formes de violences. Avant, je trouvais les « filles-mères » indécentes. Mais maintenant que j’ai réalisé que ce qu’elles traversent est aussi une forme de violence, j’ai de la compassion pour elles. Au lieu de s’amuser comme le font les filles de leur âge, elles doivent s’occuper de leurs bébés. C’est pour ça que je vous dis que le changement commence par soi-même. Maintenant, je vais en discuter avec mes camarades et les questionner un à un sur leur opinion sur les mariages précoces et forcés. »

 

Les jeunes leaders se sont lancé dans un vaste travail de recherche sur les mariages précoces et forcés et prévoient d’organiser une conférence de presse sur le sujet dans les mois qui viennent.

Bien que ce séminaire ait été éprouvant émotionnellement pour Rosemarie, cette dernière considère qu’il constitue une des expériences les plus mémorables de sa vie : « Nous avons terminé ce séminaire il y a une semaine, mais je n’arrive pas à m’en défaire. Cette émulation intellectuelle me manque. C’était la première fois que je prenais part à une séminaire au cours duquel j’ai acquis des connaissances concrètes tout en m’amusant et en étant très productive », déclare-t-elle avec enthousiasme.

 

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